Traversées Oniriques
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
Traversées Oniriques

Forum de l'association Traversées Oniriques
www.traversees-oniriques.com
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal

 

 Ange ou démon?

Aller en bas 
AuteurMessage
Tylosten

Tylosten


Nombre de messages : 4
Localisation : Lyon ou Paris
Date d'inscription : 04/01/2007

Ange ou démon? Empty
MessageSujet: Ange ou démon?   Ange ou démon? Icon_minitimeMar 8 Jan - 12:46

Le petit clic de la sécurité qui saute entre ses mains, ça lui traverse les paumes avec un petit frisson. Le vent froid lui ébouriffe les cheveux et elle se tasse un peu plus, l’arme lovée sur ses jambes croisées. Elle se sens petite, assise sur le toit gris balayé par la bruine fine et cinglante. La pluie lui a toujours donné une impression de calme, le temps qui se suspend entre les gouttes avec ce léger bruit de crachin… Elle caresse doucement la crosse noire, le regard déjà perdu loin de ce monde, persuadée de ne lui avoir jamais vraiment appartenu.

Elle est jolie, pense l’homme, comme une toile… cette jeunesse immobile, seule et étrangement calme, irréelle. Quand il pose sa main sur son épaule, elle ne sursaute pas. Elle lève simplement un visage contrarié vers lui et son jean, son pull miteux, ses yeux doux, interrogateurs. Et elle se sent soudain ridicule.
« Allez-vous en… Vous vous trompez… »

Et puis elle se tait. Que pourrait-elle faire d’autre, recroquevillée seule ici ? Elle pensait avoir trouvé l’endroit, le bon. Celui où le coup de feu se perdrait dans le grondement lointain de la ville, où personne ne la retrouverait. La beauté délavée du lieu était à la hauteur des romances macabres qui l’y avaient menées.

« Parlons, veux-tu ? »
Il s’assoit devant elle, sans chercher à lui retirer l’arme des mains. Son regard, banal et étrange à la fois, invite à la confidence, pourtant le silence dure encore quelques minutes. Elle est gênée, son dos se redresse un peu.
« Il n’y a rien à dire. »
Il sourit… un pauvre sourire. Elle hausse les épaules, détourne les yeux.

« - Très bien… Alors dans ce cas, écoutes... »
Mais elle a écouté toute sa vie déjà. Les reproches, les colères, les confidences, les pleurs...
- Non! Qui vous demande de parler? Vous ne pouvez pas me comprendre ! »
Sa voix tremble de colère contenue, un peu teintée d’orgueil. Les épaules de l’homme s’affaissent, il lève les yeux.
« - Peut être pas… Mais est-ce important ? Tout ce que je dois savoir, aujourd’hui, c’est si oui ou non, tu veux appuyer sur cette gâchette.
- J’ai toutes les raisons pour… Et je n’ai pas à vous parler ! Vous vous prenez pour qui ? »

Il soupire, avec ce genre de respiration qui remonte du fond du ventre pour faire trembler les épaules. C’est étrange comme sa simple attitude semble figer le temps , suspendre l’action. L’arme dans la main de la gamine est plus lourde. La pluie est plus lente, elle ne mouille même plus.

« Tu sais combien j’en ai vu des comme toi ? Combien j’en ai écouté ? Parce que tu va parler… Vous parlez tous. De vos petites vies minables, de vos problèmes de gosses sur-gâtés, de ce monde horrible et injuste où des milliers de personnes ont droit chaque jour à une mort sanglante alors que vous, vous devez piquer le flingue à papa pour pouvoir affirmer que vous allez mal… »

Elle ne l'a pas vu bouger. Son épaule heurte le sol et une étrange douleur lente se repends sur son visage. Au dessus d'elle, l'homme ne souris plus, le revolver serré contre sa paume. Il plie sous la brise comme sous un vent de tempête, l'air tellement fatigué...
« Moi aussi, je veux avoir droit au désespoir. »

Elle ferme les yeux, les mains en croix sur sa tête. La détonation fends l'air avec un miaulement horrible. Un cri rauque lui sort de la gorge quand un liquide chaud lui éclabousse les bras. Elle entends le bruit léger d'une étoffe qui s'affaisse sur le toit... L'homme est tombé. Elle ne peux pas voir son visage, mais les gouttes que le ciel crachent sur lui se voilent de rouge avant de glisser sur ses ailes. Son auréole gît brisée sur le béton...

Voilà, pense-t-elle, c'est ça mon monde... Même les anges s'y suicident. Et elle n'avait qu'une balle... Elle reste là un moment, les genoux dans les mains. On m'a volé ma mort, pense-t-elle aussi... Et pourtant le soulagement domine dans toutes les émotions qui se dispute en elle. Ses muscles se détendent, un à un. Lentement, elle laisse son corps se relâcher sur le sol froid. Si longtemps qu'elle broie du noir...

J'ai tué un ange, pense-t-elle... Et elle rit, un gloussement qui lui traverse l'échine, joie hystérique. Il était plus triste que moi... Elle se relève, plus légère qu'autrefois. Elle patauge dans les flaques et le sang jusqu'à l'escalier de secours, un sourire égaré aux lèvres. Même les anges se suicident... Il n'y a pas de lois célestes, le paradis aussi à ses déprimes. Les idées se bousculent dans sa tête, comme si quelqu'un d'autre les lui dictait.

Un grand désir pulse tout neuf dans sa poitrine : Si les anges meurent, alors je peux bien vivre. Plus rien n'a de sens, ce n'est pas mieux après. Elle descends les marches une à une, regarde au passage les gens par leurs fenêtres. Arrêter d'espérer, arrêter de vous laissez décevoir par vos rêves. Même là-haut, ils ont la larme à l'oeil. N'est ce pas ironique? N'est ce pas cruellement drôle? Le bien, le mal, ça n'a aucun sens... le paradis n'est qu'un enfer hypocrite!

L'homme la regarde quand ses semelles touchent le trottoir. Elle est jolie pense-t-il, cette jeunesse, cette colère qui commence à germer en elle... Elle fait quelques pas, tourne dans une autre rue. La foule la happe dans son flot, mais rien n'est plus pareil... le monde a changé à ses yeux. Sa foi d'être surveillé par les cieux a rendu l'âme. Ils ne voient rien, les imbéciles qui la croisent.

Elle est peut être libre, maintenant, et diablement humaine... peut être brisée, ses derniers morceaux de coeur envolés sur ce toit, au delà de l'appel au secours qui l'y avait mené. Peut être prête à se sentir vivre enfin, à rire... à se venger du monde, la rage à l'âme... Pourquoi craindre les lois, quand on a tué un ange?

L'homme se retourne, les vitrines de la rue lui renvoient son reflet. Ses yeux doux, son pull miteux... cette aura étrange qui l'entoure. Les gens ne s'arrêtent pas en le croisant, mais sa silhouette les marquent d'un sentiment dérangeant. Il y a comme une lueur au dessus de sa tête, comme des cornes sur son front. Et leurs coeurs battent, et leurs lèvres sourient...

Ange ou démon?
Revenir en haut Aller en bas
Tylosten

Tylosten


Nombre de messages : 4
Localisation : Lyon ou Paris
Date d'inscription : 04/01/2007

Ange ou démon? Empty
MessageSujet: Re: Ange ou démon?   Ange ou démon? Icon_minitimeMar 8 Jan - 12:47

Une nouvelle commencée un soir de déprime et finie un peu à l'arrache quelques semaines plus tard. J'aurais pu la faire participer au concours anges et démons mais ça ne correspondait ni pour le genre ni pour la longueur.
Je m'escuse pour les fautes d'orthographe s'il y en a. J'ai tenté de me relire plusieurs fois mais j'en laisse souvent passer. Embarassed
A mon avis elle est peut être un peu trop larmoyante. J'aimerais avoir des opinions exterieures.
Revenir en haut Aller en bas
 
Ange ou démon?
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Traversées Oniriques :: La soute : un lieu d'échange des créateurs :: Tablettes électroniques-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser